C’est un long-métrage de 2015 de Jennifer Phang qui combine à la fois allégorie et science-fiction dans un drame touchant. Son titre : Advantageous.
La dystopie s’invite dans nos salons
Dans les années 2010, avant que le monde ne ressemble à une véritable dystopie, de nombreux films et séries étaient consacrés à des adolescents meurtiers dans Hunger Games, exploraient un sombre avenir climatique dans Snowpiercer ou encore une société criminelle dans The Purge.
La dystopie semble envahir tous les genres, mais pas autant que la science-fiction. Ce film de 2015 sur Netflix illustre le meilleur de l’engouement pour la dystopie et le combine avec une narration allégorique lente et délibérée. Advantageous ne se contente pas d’alimenter sa construction du monde. Il n’y a pas de montage dans ce film qui explique comment le monde fonctionne, juste l’histoire intemporelle d’une mère célibataire qui essaie de donner le meilleur à son enfant tout en conciliant un travail très prenant.
De quoi parle Advantageous ?
Lorsqu’elle perd son emploi de responsable d’une entreprise de technologie à cause de son âge, Gwen réalise que la seule façon de subvenir aux besoins de sa fille est de se soumettre à l’opération expérimentale de l’entreprise qui transposerait ses souvenirs et sa personnalité dans un modèle plus jeune et plus vif.
Ce film ressemble à un doux concerto pour piano, comme celui que le personnage principal Gwen joue dans le premier acte du film. C’est un film qui se déroule avec lenteur et prudence, ce qui en renforce progressivement le contenu et les enjeux. Sa fille lui dit qu’elle sera pratiquement stérile à 20 ans, et son employeur lui dit que la plupart des emplois à revenus moyens ont été remplacés par la technologie.
La femme au centre du film
Il s’agit d’une dystopie très spécifique, qui amplifie les difficultés auxquelles les femmes sont déjà confrontées de nos jours. Des normes de beauté à l’équilibre entre vie professionnelle et vie familiale, c’est une fable qui se prête à la dissection dans un cours d’études féminines. Mais cela n’enlève rien aux aspects de la science-fiction.
La dernière demi-heure ressemble davantage à une histoire classique de technologie qui a mal tourné, combinée à la question de savoir ce qui constitue exactement notre personnalité. Ne vous attendez pas un futur à la Blade Runner, cependant. Le rythme de ce film est volontaire, amplifiant l’isolement de cet avenir. Dans une scène, Gwen entend des pleurs et demande à sa fille Jules si c’est la femme d’en haut ou d’en bas de leur appartement. Jules se lève, lui tordant le cou, puis s’accroupit sur le sol avant d’informer sa mère, impassible, que c’est les deux.
S’évader de notre monde le temps d’une soirée
Avec une histoire aussi soignée et lente, le jeu des acteurs est plus important que jamais, et Jacqueline Kim offre une performance magistrale dans son rôle de femme essayant de ne pas révéler à quel point elle est vraiment inquiète. En plus d’être la vedette du film, Jacqueline Kim a également co-écrit le scénario avec Jennifer Phang qui est à la fois réalisateur/scénariste/monteur d’Advantageous.
Il y a aussi quelques caméos surprenants, dont Jennifer Ehle, star de Orgueil et Préjugés, dans le rôle d’une cheffe d’entreprise impitoyable et une performance incroyablement rafraîchissante de Ken Jeong dans le rôle du père de Jules. Il est parfois réconfortant de s’évader dans une autre société pendant quatre-vingt-dix minutes, surtout en ce moment. Si c’est ce dont vous avez envie, vous ne pouvez pas vous tromper avec Advantageous, où les problèmes rencontrés sont familiers, mais les solutions, et les conséquences, sont entièrement de la science-fiction. Advantageous est disponible en VOST sur Netflix.