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Les films qui sont presque passés inaperçus en 2020

Comme chaque année, il y a des films dont tout le monde parle et d’autres dont la sortie passe quasiment inaperçue. 2020 a été une année très particulière pour le monde entier et l’industrie cinématographique a été mise à rude épreuve. Nous avons sélectionné les films les plus sous-estimés de 2020, des pépites qui n’ont pas eu le succès qu’elles méritaient.

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Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn

Sorti le 5 février 2020, Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn met en vedette Margot Robbie, Rosie Perez, Mary Elizabeth Winstead, Jurnee Smollett-Bell et Ella Jay Basco. Étonnamment le film centré sur Harley Quinn n’a pas fait grand bruit.

Le film sur un gang de filles centré sur Harley Quinn, plein de paillettes et de sacs de sable qui explosent, est le premier qui semble se souvenir des origines pop et colorées de ses personnages. Margot Robbie joue Harley Quinn avec encore plus de panache que dans Suicide Squad ; les nouveaux venus dans l’univers, dont Mary Elizabeth Winstead, Jurnee Smollett-Bell, Rosie Perez et Ella Jay Basco, procurent un plaisir sans fin ; et le duo de méchants joué par Ewan McGregor et Chris Messina, un blond décoloré, est, contre toute attente, terrifiant.

Emma.

Sorti le 30 juin 2020 en VOD, Emma. est le premier film réalisé par Autumn de Wilde. Délicieuse adaptation du roman éponyme de Jane Austen, le film trouve son point d’équilibre entre réalisme narratif et stylisation artistique. Emma (Anya Taylor-Joy) est une séduisante jeune femme de 20 ans, qui, en raison de sa grande richesse, ne subit pas la contrainte sociale du mariage mais se complaît à jouer les entremetteuses. M. Knightley (Johnny Flynn) est au départ un ami d’Emma, mais ils développent progressivement des sentiments réciproques.

Le meilleur aspect d’Emma en tant qu’adaptation de Jane Austen est peut-être la façon dont la nudité est abordée, présentée comme un aspect naturel de la vie quotidienne des personnages. Les deux personnages sont faits pour s’adapter directement à leurs défauts inhérents, ce qui leur donne un fil conducteur malgré le fait qu’ils se situent dans une période éloignée du présent. En outre, les personnages de Harriet (Mia Goth), de Miss Bates (Miranda Hart) et de M. Woodhouse (Bill Nighy) ajoutent de la légèreté à cette adaptation, imprégnant le film d’un centre émotionnel sincère.

Never Rarely Sometimes Always

Sorti le 19 août 2020, le film d’Eliza Hottman, Never Rarely Sometimes Always, peut être considéré comme du pur cinéma poétique, centré sur un portrait de l’amitié féminine sous forme de roman d’apprentissage, qui se révèle d’une sincérité et d’une honnêteté poignante. Autumn (Sidney Flanigan), 17 ans, tombe enceinte et découvre qu’elle ne peut pas avorter dans sa ville natale de Pennsylvanie sans le consentement de ses parents, ce qui l’incite à se confier à sa cousine Skylar (Talia Ryder), qui accepte de l’accompagner à New York.

Une fois sur place, l’éclat du film commence vraiment à se déployer, car on voit Autumn répondre à une série de questions posées par un conseiller, dont les réponses sont lourdes et déchirantes. La cinématographie de Never Rarely Sometimes Always est époustouflante, grâce au travail intuitif de la cinéaste française Hélène Louvart. Dans l’ensemble, Never Rarely Sometimes Always est un rappel puissant de la misogynie désinvolte et de la brutale passivité-agressivité auxquelles les femmes sont confrontées au quotidien, le considérant comme le film le plus sous-estimé et le plus convaincant de l’année.

Bad Education

Sorti le 13 septembre 2020 sur OCS, Bad Education de Corey Finley est basé sur l’histoire vraie du menteur compulsif et maître manipulateur Frank Tassone. Ce film est une leçon sur les pièges de l’orgueil, qui finit par aboutir à une tragédie. Bad Education suit Franck Tassone (Hugh Jackman), qui a réussi à remanier le système éducatif du district scolaire de Roslyn à Long Island, avec l’aide de son fidèle bras droit Pam Gluckin (Allison Janney). Bientôt, l’école publique se targue d’avoir de très bons résultats, jusqu’à ce qu’un acte d’orgueil de la part de Franck Tassone le mène à sa perte.

Bad Education aborde les dilemmes moraux du récit avec une nuance surprenante, notamment à travers les portraits des personnages de Franck Tassone et Pam Gluckin, qui se sentent en droit de s’offrir le luxe de leur service public apparemment sincère. Une fois le scandale dévoilé, Franck Tassone tisse une toile de mensonges, de chantage et de manipulation, joué à la perfection par Hugh Jackman, qui détient sans doute son rôle dramatique le plus magistral à ce jour. Le film se termine sur une note cathartique tout en offrant une perfection narrative du début à la fin.

Swallow

Sorti le 15 janvier 2020, Swallow suit Hunter Conrad (Haley Bennett) qui semble mener une vie conjugale heureuse, car son mari Richie (Austin Stowell), beau et brillant, lui accorde un confort matériel sous la forme d’une maison somptueuse et d’un mode de vie luxueux. Hunter se voit rappeler à maintes reprises par son entourage que la vie est belle, même si elle semble distante lors des conversations et irrévocablement coupée de son univers.

Après sa grossesse, Hunter se retrouve face à une crise existentielle, au cours de laquelle elle regarde une bille rouge dans sa main, et l’avale. Pour Hunter, l’effet est agréable, addictif, conduisant à une envie incessante de consommer des objets, dont un dé à coudre, une pièce d’échec et un fragment de figurine. Horreur domestique à nulle autre pareille, Swallow de Carlo Mirabella-Davis est une odyssée sur un certain sentiment de pouvoir qui naît de la perte de contrôle total. Il va sans dire que Swallow se termine sur une note discordante, même si l’on sous-entend que Hunter reprend le contrôle de son corps et retrouve une nouvelle stabilité.

Colour out of Space

Sorti sur Amazon Prime Video le 6 septembre 2020, Colour out of Space est basé sur l’œuvre éponyme de H. P. Lovecraft. Réalisé par Richard Stanley, le film s’ouvre sur Wiccan Lavinia (Madeleine Arthur) qui accomplit un rituel de guérison pour sa mère Theresa (Joely Richardson), qui semble se remettre progressivement d’un cancer. Son père Nathan (Nicholas Cage) se lance dans l’agriculture avec beaucoup d’enthousiasme, faisant de son mieux pour s’adapter à une existence rurale en élevant des alpagas et en cultivant des légumes, tout en s’occupant de ses trois enfants, à savoir Lavinia, Benny et Jack, qui luttent pour s’adapter à leur nouveau mode de vie.

La vie dans la ville fictive d’Arkham semble banale jusqu’à ce qu’un fragment de météorite atterrisse dans la cour de Gardner, émettant une lueur rose-violet. D’étranges événements s’ensuivent, comme la contamination de l’eau. Les mutations du paysage, ainsi que des êtres vivants qui l’habitent, s’accélèrent, conduisant à une seconde moitié frénétique qui culmine dans la folie et l’horreur pures. Color Out of Space est une expérience cinématographique à nulle autre pareille, armée comme elle l’est d’une poésie visuelle à couper le souffle et d’une atmosphère lovecraftienne obsédante qui dégouline d’une humeur hallucinogène, et de quelque chose de beaucoup plus sinistre.

The Vast of Night

Sorti le 3 juillet 2020 sur Amazon Prime Video, The Vast of Night est un film dramatique de science-fiction, le premier long-métrage réalisé par Andrew Patterson. Certaines villes portent en elles une lourdeur inexplicable. La ville fictive de Cayuga dans The Vast of Night est l’un de ces endroits, où un DJ et un standardiste, respectivement Fay (Sierra McCormick) et Everett (Jake Horowitz), tombent sur un bourdonnement troublant que le duo décide de faire passer à l’antenne.

Cette décision déclenche des événements qui franchissent le seuil du surnaturel, créant des moments forts et évocateurs qui s’appuient sur des indices sonores intelligemment placés. Le réalisateur Andrew Patterson utilise alternativement des espaces ouverts claustrophobes et menaçants pour créer un rythme frénétique, un peu comme le bourdonnement inexplicable qui semble avoir des liens avec les opérations secrètes du gouvernement. Ces éléments s’intègrent parfaitement dans la trame narrative, faisant de The Vast of Night une excellente entrée dans le genre de la science-fiction.

The Photograph

Sorti en VOD le 1er septembre 2020, The photograph est une saga d’amour qui s’étend sur plusieurs décennies et qui éclipse les limites de l’espace et du temps. Peu de films romantiques sont capables de créer une histoire qui vaille la peine d’être racontée, dans laquelle les fils conducteurs partagent une véritable étincelle électrique qui semble fortuite. L’histoire du journaliste Michael (LaKeith Stanfield) et de la conservatrice du musée Mae (Issa Rae) reflète ce sentiment insaisissable, dans lequel les deux se rencontrent après que le premier soit tombé sur le travail photographique de la mère du second, alors qu’il était à la recherche d’une aventure sans lendemain.

La scénariste et réalisatrice Stella Meghie met en place la narration de manière à ce que le public veuille activement que les personnages se réunissent, alors que le duo semble plongé dans une chimie enivrante. Le film se développe comme un beau rêve, car il explore les regrets, les motivations et l’histoire des personnages principaux tout en le ponctuant d’une autre histoire d’amour entre Christina (Chanté Adams) et Isaac (Y’Lan Noel). Ce changement constant d’orientation fait que The Photograph entrave son élan narratif, malgré la richesse de sa vie intérieure qui contribue grandement à ces personnages attachants. Visuellement, le film est sublime, peut-être trop, car il donne une aura d’artificialité à un récit par ailleurs authentique.

Horse Girl

Sorti le 7 février 2020 sur Netflix, Horse Girl est réalisé par Jeff Baena et co-écrit par Alison Brie. L’histoire suit Sarah (Alison Brie), une femme socialement maladroite et incertaine, qui semble abriter en elle une profonde tristesse. Sarah mène la quintessence d’une vie tranquille en travaillant dans un magasin d’artisanat et en se livrant à des beuveries en regardant sa série de science-fiction préférée, Purgatory. Cependant, sous ce décor pittoresque se cache quelque chose de vraiment sinistre. Les gens autour d’elle semblent particulièrement méfiants à son égard, car elle montre des signes de quelqu’un qui a perdu pied avec la réalité.

La paranoïa de Sarah est restituée par des indices visuels subtils, notamment des trous de mémoire inexpliqués, des problèmes de perception de la réalité alimentés par le sentiment de déjà vu et une obsession pour ses ancêtres. Le tout culmine dans des rêves-états lucides et terrifiants, évoquant des questions auxquelles Horse Girl s’efforce de répondre. Le fossé entre la réalité et l’illusion devient si large à la fin, que la descente de Sarah dans la folie est présentée comme une fin naturelle, une trajectoire destinée, qui ne peut être influencée, détournée ou altérée.

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