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Les Sept de Chicago : les différences entre le film Netflix et la véritable histoire

Le dernier film d’Aaron Sorkin diffusé sur Netflix, Les Sept de Chicago, dramatise le conflit entre manifestants et gouvernement mais le vrai procès était déjà très dramatique. Voyons ce qui est vrai et ce qui a changé dans le procès des sept prévenus accusés d’incitation à la révolte.

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Le procès des Chicago Seven porté à l’écran

Le drame judiciaire d’Aaron Sorkin, Les Sept de Chicago, est diffusé depuis le 16 octobre 2020 sur Netflix. Le film est basé sur l’histoire vraie d’un procès chaotique et tumultueux de cinq mois qui a commencé en 1969, lorsqu’un groupe de leaders de la protestation a été accusé de conspirer pour inciter à une émeute pendant la Convention nationale démocrate de 1968. Bien que de nombreux événements du film puissent paraître incroyables, en particulier les actions du juge Julius Hoffman (Frank Langella), le vrai procès était encore plus houleux que le film.

Rendu particulièrement à propos par les récentes manifestations contre la brutalité policière à travers les États-Unis, Les Sept de Chicago met en vedette un ensemble de personnages comprenant Sacha Baron Cohen et Jeremy Strong dans les rôles des leaders du Parti de la jeunesse internationale Abbie Hoffman et Jerry Rubin, Yahya Abdul-Mateen II dans le rôle du leader des Black Panthers Bobby Seale, Joseph Gordon-Levitt dans celui du procureur Howard Schultz, et Mark Rylance et Ben Shenkman dans les rôles des avocats de la défense William Kunstler et Leonard Weinglass. Les autres défendeurs étaient Tom Hayden (Eddie Redmayne), Rennie Davis (Alex Sharp), David Dellinger (John Carroll Lynch), John Froines (Danny Flaherty) et Lee Weiner (Noah Robbins).

Jerry Rubin n’a pas été piégé par une policière sous couverture

Le personnage de Caitlin Fitzgerald, l’agent Daphne, a été inventé pour Les Sept de Chicago, car Jerry Rubin n’a pas vraiment été séduit par un agent secret féminin. Trois agents de renseignement ont infiltré les manifestants et ont témoigné pendant le procès, et l’équivalent le plus proche de Daphné dans la vie réelle était Robert Pierson, qui est devenu garde du corps de Jerry Rubin.

Robert Pierson s’est laissé pousser les cheveux et la barbe pour son rôle d’agent secret, s’habillant en motard et se mêlant aux membres d’un gang de motards (son procès-verbal contient la déclaration mémorable suivante : “J’étais avec un type connu sous le nom de Gorilla qui dirigeait un gang de motards, et un autre type du nom de Banana”). Grâce à sa position de garde du corps de Jerry Rubin, Robert Pierson a pu entendre et plus tard répéter de nombreuses conversations entre les “Yippies”.

Bobby Seale a été ligoté et bâillonné pendant trois jours

Les Sept de Chicago raccourcit considérablement la durée pendant laquelle Bobby Seale a été attaché et bâillonné sur ordre du juge Hoffman. Presque immédiatement après que Bobby Seale ait été ramené dans la salle d’audience avec ses contentions choquantes, Richard Schultz demande l’annulation du procès. En réalité, Bobby Seale est resté ligoté et bâillonné pendant trois jours du procès avant qu’un vice de procédure ne soit finalement prononcé et que le Chicago 8 ne devienne le Chicago Seven.

Bien qu’aucune caméra n’ait été autorisée dans la salle d’audience, les croquis de Bobby Seale portant son bâillon ont été largement diffusés et ont suscité beaucoup d’indignation. Malgré ses restrictions, Bobby Seale a continué à essayer de parler, en faisant du bruit avec son bâillon et en essayant d’écrire des messages sur un morceau de papier. À un moment donné, M. Kunstler a déclaré : “Ce n’est plus un tribunal d’ordre, Votre Honneur, c’est une chambre de torture médiévale”, pour laquelle il a reçu du juge Hoffman l’une de ses nombreuses citations pour outrage au tribunal.

Le vrai procès a fait appel à des témoins célèbres

Un certain nombre de témoins notoires qui ont été mis à la barre lors du vrai procès sont laissés de côté dans Les Sept de Chicago. Parmi eux, le poète Allen Ginsberg qui est montré dans le film en train de chanter pendant une marche de protestation.

Au cours de l’un des nombreux échanges animés entre le juge Hoffman et l’avocat William Kunstler, Allen Ginsberg représenté ci-dessus dans un dessin fait dans la salle d’audience, a commencé à fredonner le chant bouddhiste “Oommmmm”. Le juge Hoffman lui ordonna de quitter la barre des témoins, et Maître Kunstler suggéra que Allen Ginsberg avait essayé de les calmer. “Je n’ai pas besoin de me calmer”, avait rétorqué le juge Hoffman. L’écrivain Norman Mailer, les chanteurs de folk Judy Collins et Arlo Guthrie, et le comédien Dick Gregory faisaient aussi partie des témoins du vrai procès.

Le juge Hoffman a émis pas moins de 175 accusations d’outrage à la cour

Le juge Julius Hoffman prononce fréquemment des accusations d’outrage au tribunal dans Les Sept de Chicago, mais le film minimise le nombre d’accusations d’outrage. À la fin du procès, les accusés et leurs avocats avaient été inculpés de 175 citations pour outrage au tribunal.

Les motifs de ces outrages allaient de l’argumentation irrespectueuse au rire, en passant par les embrassades et la correction d’Hoffman lorsqu’il prononçait mal les noms. La Cour d’appel des États-Unis pour le septième circuit a refusé de prononcer une sentence sur la base des accusations d’outrage au tribunal et a annulé les autres condamnations du juge Hoffman. La cour d’appel a estimé que le juge avait fait preuve d’une “attitude dépréciative et souvent antagoniste envers la défense”, d’une manière qui a pu indûment influencer le jury contre les accusés.

Les noms des soldats morts ont été lus, mais pas pendant la sentence

La fin des Sept de Chicago a divisé les critiques et les téléspectateurs. Tom Hayden interprété par Eddie Redmayne a commencé à lire à haute voix les noms de près d’un demi-million de soldats américains tués pendant la guerre du Vietnam. Alors que le juge Hoffman brandit son marteau, la plupart des personnes présentes dans la salle d’audience se lèvent par respect pour les morts.

Que vous trouviez cette scène glorieuse ou pitoyable, elle n’est que très vaguement basée sur l’histoire vraie. Les noms ont en fait été lus bien plus tôt au cours du procès que pendant la condamnation, lors de la journée du moratoire sur le Vietnam du 15 octobre 1969. C’est David Dellinger qui a lu les noms, et pas Tom Hayden, et le juge Hoffman n’a permis de lire que quelques noms avant de faire taire David Dellinger. Les accusés ont également placé des drapeaux américains et sud-vietnamiens sur la table, dont le juge Hoffman a ordonné le retrait.

David Dellinger n’a jamais frappé un huissier de justice

Au cours d’un moment dramatique du film Les Sept de Chicago, le pacifiste David Dellinger frappe un huissier de justice après avoir perdu son sang-froid lors d’une manifestation pour protester contre le comportement du juge Julius Hoffman.

Il regrette aussitôt d’avoir enfreint ses engagements et s’excuse d’avoir frappé l’homme. Cela ne s’est jamais produit lors du vrai procès, car David Dellinger était extrêmement sérieux quant à l’abstention de toute violence. Cependant, la scène rappelle le moment de la vie de David Dellinger où il a décidé de devenir pacifiste. Alors qu’il était étudiant à l’université de Yale, une altercation a éclaté entre des étudiants de Yale et des “citadins” de New Haven, et David Dellinger a frappé un homme et l’a assommé.

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